Situation alarmante dans les centrales nucléaires russes
Depuis l'accident de Fukushima, les rapports sur des complications survenues dans des centrales nucléaires se multiplient partout dans le monde. Le dernier en date, et non des moins alarmants, est une étude confidentielle sur l'état du parc nucléaire russe, présentée en secret au président Dmitri Medvedev par Rosatom, l'agence russe du nucléaire, le 9 juin, et divulguée par l'ONG norvégienne Bellona. Dans ce document de conclusion des stress tests effectués suite au tsunami japonais, l'agence nucléaire recense 31 failles sérieuses en termes de sécurité, du fait de déficiences de contrôle, d'entretien et de réparation, prouvant l'extrême vulnérabilité des onze centrales du pays en cas de catastrophe naturelle.
Premier défaut majeur : les risques sismiques n'ont pas été pris en compte lors du choix des sites des centrales, souvent construites à l'époque soviétique. Et la plupart des réacteurs - sur les 32 opérationnels - ne sont pas prévus pour s'arrêter automatiquement en cas de séisme. Mais en réalité, les centrales russes pourraient ne pas avoir besoin de l'aide de Mère nature pour s'effondrer : du fait de leur âge avancé, les bâtiments abritant des réacteurs montrent "des signes d'affaissement et d'inclinaison progressifs", selon le rapport.
Du côté des systèmes de refroidissement, équipements-clés des centrales nucléaires, la situation n'est guère plus rassurante. Ces mécanismes, ceux fonctionnant en circuit fermé comme ceux d'urgence, sont qualifiés de "déficients", du fait de délabrement des matériaux et de défauts de soudure. Les systèmes de contrôle des quantités d'hydrogène ne sont pas plus conformes aux réglementations internationales, indiquant que les réacteurs russes pourraient être sujets à des explosions similaires à celles qui ont ravagé les bâtiments des trois premiers réacteurs à Fukushima-Daiichi.
Enfin, le rapport pointe un cruel manque de préparation du personnel de ces sites à différents scénarios d'accidents, comme des inondations, incendies, tempêtes ou séismes. Sans compter que Rosatom ne conserve pas de traces des anciens incidents et accidents, rendant ainsi impossible toute tentative d'amélioration de la sécurité et de prévision de nouveaux problèmes.
Les centrales les plus préoccupantes sont celles de Leningrad et Kola, respectivement aux frontières finlandaises et norvégiennes. La première possède quatre réacteurs RMBK, de 1000 MW de puissance, les mêmes que celui de la centrale de Tchernobyl avant son explosion en 1986. Des réacteurs dont le rapport qualifie la conception de "gravement défaillante" et pouvant conduire à des accidents graves - en particulier, des problèmes avec les grappes de commande, nécessaires pour maintenir la réaction nucléaire sous contrôle. La seconde centrale, elle, fonctionne avec des réacteurs VVER, moins puissants (440 MW) mais plus âgés - deux d'entre eux ont ainsi vu leur durée de vie prolongée, il y a huit ans déjà.
Dans ces centrales, le risque d'accident dû à des catastrophes naturelles n'est pas seulement théorique. Ainsi, déjà, en 1990, une importante tempête avait stoppé les systèmes électriques primaire et de secours de la centrale de Kola, forçant la Norvège à intervenir pour fournir d'énormes générateurs électriques et assurer ainsi le refroidissement des réacteurs. En 2006, une autre panne de courant avait mis en péril le refroidissement du combustible cette fois dans le complexe nucléaire Maïak.
"Le rapport révèle des carences qui n'ont jamais été mentionnées publiquement, ni signalées internationalement", a estimé Ole Reistad, ingénieur à l'Institut norvégien de technologie et de l'énergie. Pour les scientifiques norvégiens, ce rapport pourrait ainsi signifier une amorce de changement dans l'attitude de la Russie, jusqu'alors plus encline à se livrer à la propagande en ce qui concerne la soi-disant "sécurité" de son parc nucléaire.
La pollution de l’eau au méthane explose près des sites de gaz de schiste

Alors que l'Assemblée nationale examine, mardi 10 mai, la proposition de loi du député UMP Christian Jacob contre l'exploration et l'exploitation des gaz de schiste en France, une nouvelle étude américaine jette l'opprobre sur la méthode de la fracturation hydraulique, consistant à injecter sous forte pression d'énormes quantités d'eau, de sable et des centaines de produits chimiques pour briser la roche et extraire le gaz situé à plus de deux kilomètres sous terre.
Des chercheurs de l'université américaine Duke, en Caroline du Nord, affirment avoir établi un lien clair entre le forage de ce gaz non conventionnel et des niveaux élevés de méthane inflammable dans l'eau potable - un point qui cristallise le débat aux Etats-Unis depuis la sortie du documentaire Gasland, célèbre pour la scène où un homme allume son briquet et met le feu à l'eau de son robinet.
Les scientifiques ont analysé les teneurs en méthane (qui constitue plus de 80% du gaz naturel) dans 60 puits d'eau potable en Pennsylvanie - où les compagnies espèrent forer près de 2 000 puits cette année - et dans l'Etat de New York. Ils ont trié leurs échantillons en fonction de la distance entre le lieu de prélèvement et le site d'extraction de gaz de schiste le plus proche. Le résultat, publié lundi 9 mai dans la revue scientifique américaine Proceedings of the National Academy of Sciences(PNAS), est sans équivoque : les eaux de la région situées à moins d'un kilomètre d'un site d'extraction sont contaminées à hauteur de 85 % par du méthane, dont l'origine est bien celle du gaz de schiste.
Surtout, les risques de contamination de la nappe phréatique augmentent avec la proximité d'un puits de gaz de schiste : dans les puits situés à plus d'un kilomètre d'un site d'extraction, la teneur moyenne en méthane dans l'eau potable est de l'ordre de 1,1 milligramme par litre (mg/l), alors qu'à moins d'un kilomètre, les niveaux de méthane atteignent 19,2 mg/l (le maximum mesuré étant de 60 mg/l, soit assez pour déclencher une explosion, selon l'étude), soit des taux 17 fois plus élevés.
Comment le méthane s'est-il retrouvé dans l'eau potable ? Les scientifiques hésitent entre plusieurs thèses : le gaz a pu s'échapper de puits mal cimentés ou migrer en raison de fissures dans les formations rocheuses fragilisées par la technique de fracture hydraulique.
Reste la question des effets sur la santé du méthane. Ce gaz se révèle dangereux à des concentrations élevées. "Nous avons trouvé de très fortes concentrations dans nos échantillons, affirme Robert Jackson, professeur de biologie à l'université Duke, et un des auteurs de l'étude. A ces concentrations, le méthane peut provoquer des étourdissements, de l'asphyxie, sans compter le danger d'explosions." Les effets à long terme sur la santé du méthane, lorsqu'il est ingéré ou inhalé à faibles concentrations, sont, eux, peu connus.
http://ecologie.blog.lemonde.fr/2011/02/28/la-chine-asphyxiee-par-la-pollution-de-lindustrie-textile/#comment-9361
Ces pays qui se bousculent en Afrique pour produire des agrocarburants
Quelles sont les entreprises qui se ruent sur les terres cultivables africaines afin de produire des agrocarburants ? Le Guardian a mené l’enquête sur cette source d’énergie controversée, accusée de réduire les surfaces consacrées aux cultures, essentiellement dans les pays en développement, et de favoriser la flambée des prix alimentaires, pour permettre aux voitures occidentales de fonctionner. Dans un article publié mercredi, il démontre l’importance croissante du phénomène. S’il n’y a pas de recensement officiel des projets, le quotidien assure avoir dénombré pas moins de 100 projets de production dans une vingtaine de pays du continent, émanant de 50 entreprises étrangères.
Dans cette liste des pays investisseurs, à l’affût de la moindre parcelle de terre, le Royaume-Uni tient le haut du pavé. Sur les 3,2 millions d'hectares réservés pour la production d’agrocarburants en Afrique subsaharienne, plus de la moitié sont ainsi liés à onze sociétés britanniques. Le champion en la matière est le groupe Crest Global Green Energy, qui détiendrait à lui seul 900 000 hectares au Mali, en Guinée et au Sénégal. Vient ensuite Gem Biofuels, avec quelque 450 000 hectares à Madagascar.
L’Italie se classe sur la deuxième marche du podium, avec sept entreprises implantées en Afrique, suivie par l'Allemagne (six), la France (six) et les Etats-Unis (quatre). Le Brésil et la Chine acquièrent aussi des terres en Afrique pour produire des agrocarburants et de la nourriture, même si dans l’immédiat, l'enquête a mis seulement à jour une poignée de projets concrétisés.
Si certaines de ces entreprises génèrent des profits pour les pays dans lesquels elles sont implantées, grâce aux investissements, à l'emploi et à l'utilisation locale des agrocarburants, la majorité n’entraînent pas de retombées positives locales, estime Lorenzo Cotula, chercheur à l'Institut international pour l'environnement et le développement, qui a analysé des contrats de transactions foncières en Afrique. " Certains de ces contrats ne contiennent que des promesses vagues et inapplicables. D’autres ont des baux de 100 ans, pour un loyer très faible et même, parfois, un accès gratuit et prioritaire à l'eau, précise-t-il. Les grandes plantations commerciales chassent par ailleurs les communautés rurales de leurs terres."
Surtout, l'utilisation croissante des terres agricoles afin de produire de l’énergie est de plus en plus contestée dans le monde car elle est accusée de menacer les écosystèmes et d'alimenter la flambée des prix des produits alimentaires, en réduisant les surfaces consacrées à leur culture. De plus, alors que les agrocarburants, favorisés par la décision de l'Union européenne de pourvoir 10 % de l'énergie nécessaire aux transports par des énergies renouvelables en 2020, sont présentés par leurs partisans comme moins polluants que le pétrole, certains experts contestent leur bilan en matière d'émissions de gaz à effet de serre.
Cette enquête sur la ruée vers les terres africaines coïncide avec un rapport de l’ONG Oxfam prévoyant que le prix des denrées de base va plus que doubler au cours des 20 prochaines années. L'enquête en identifie les agrocarburants comme l’une des principales causes et exige que les gouvernements occidentaux mettent fin à leurs politiques en la matière.
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