Eglise Saint Sépulcre

http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_du_Saint-S%C3%A9pulcre_(J%C3%A9rusalem)

Les architectes byzantins sauvèrent la rotonde au-dessus du Sépulcre mais ils ne reconstruisirent pas l’immense basilique de Constantin le Grand, qui allait du Calvaire à la grande rue du marché. Ils décidèrent de conserver seulement l'Anastasis, en lui adjoignant une grande abside à l'Est et plusieurs chapelles sur le terrain de la place du jardin et au lieu du Martyrium. Une galerie supérieure fut ajoutée dans la rotonde. Les travaux furent achevés entre 1042 et 1048. Au cours de cette reconstruction le Porche oriental, le Martyrium et le Portique du jardin disparurent.

L’emplacement resta un champ de ruines jusqu’à l’arrivée des Croisés.

Malgré ces changements, la nouvelle architecture présentait un style artistique de grande qualité. Des mosaïques recouvraient les parois et la coupole. L'Abbé russe Daniel, qui visita Jérusalem à cette époque, en donna une description :

« L'église de la Résurrection est de forme ronde et appuyée sur douze colonnes monolithes et six pilastres. Le pavement est fait de très belles dalles de marbre. Elle a six portes et des tribunes dotées de douze colonnes représentant les saints Prophètes; de belles mosaïques sont sous le plafond et sur les tribunes. » L'autel est surmonté d'une Icône du Christ. Au-dessus de l'autel majeur, on remarque une mosaïque représentant l'exhaltation d'Adam. L'Ascension du Christ est représenté dans l'abside. L'Annonciation sur les deux pilastres voisins de l'autel. La coupole de l'église n'est pas clôturée par une voûte en pierre, mais par des poutres de bois, entrelacées entre elles. L'église a une ouverture à son sommet. Le Saint Sépulcre est placé sous cette coupole ouverte.

Le voyageur musulman Nasir-I Khusraw décrivit aussi le Saint-Sépulcre en 1047 : « L’église actuelle est une très grande construction qui peut contenir 8 000 personnes. L’édifice est très habilement construit de marbres colorés, avec une ornementation et des sculptures. A l’intérieur, l’église est partout ornée de broderie byzantine travaillée avec de l’or et de tableaux. Et ils ont représenté Jésus – que la paix soit avec lui – qui est parfois montré montant un âne. Il existe aussi des tableaux représentant d’autres prophètes, Abraham, par exemple, et Ismaël et Isaac, et Jacob avec son fils – que la paix soit avec eux tous... Dans l’église on trouve une peinture divisée en deux parties représentant le Ciel et l’Enfer. Une partie montre les sauvés au Paradis, alors que l’autre décrit les damnés en Enfer, avec tout ce qu’il y a là-bas. Assurément il n’existe pas d’autre lieu au monde avec une peinture semblable. Dans l’église sont assis un grand nombre de prêtres et de moines qui lisent l’Évangile et disent des prières, jour et nuit ils sont occupés de cette façon. »[3]

 

Durant la période croisée (1099-1187)
La prise de Jérusalem par les croisés le 15 juillet 1099-Emil Signol, XIXe siècle, Chateau de Versailles,
1. Le Saint-Sépulcre
2. Le Dôme du Rocher
3. Les remparts

Voici le récit de la prise de Jérusalem par Raymond d'Aguilers, qui, avec les exagérations d'usage dans une chronique de ce genre, témoigne de l'importance du site pour les croisés : « Après la prise de la ville, il était beau de voir la dévotion des pèlerins devant le Sépulcre du Seigneur et de quelle façon se manifestait leur joie en chantant à Dieu un chant nouveau. Et leur cœur offrait à Dieu vainqueur et triomphant des louanges inexprimables en paroles… »[4].

Tombe de Godefroy de Bouillon dans le Saint-Sépulcre

Le chef des croisés, Godefroy de Bouillon, devint le premier monarque latin de Jérusalem mais décida de ne pas utiliser le titre de « roi » durant sa vie, se déclarant simplement : Advocatus Sancti Sepulchri (« Avoué (Protecteur ou Défenseur) du Saint Sépulcre »). Il prit alors le titre de baron. Il ne voulait pas porter une couronne d’or sur le lieu où le Christ avait porté une couronne d’épines. De plus, les clercs estimaient que le Lieu saint appartenait à l’Église et qu’ils devaient constituer une sorte de seigneurie ecclésiastique dont les croisés n'étaient que les défenseurs laïques.

En 1100, Albert d'Aix écrivait à propos de Godefroy de Bouillon lors de la prise de Jérusalem en juin 1099 : « Tandis que tout le peuple chrétien […] faisait un affreux ravage des Sarrasins, le duc Godefroy, s'abstenant de tout massacre, […] dépouilla sa cuirasse et, s'enveloppant d'un vêtement de laine, sortit pieds nus hors des murailles et, suivant l'enceinte extérieure de la ville en toute humilité, rentrant ensuite par la porte qui fait face à la montagne des Oliviers, il alla se présenter devant le sépulcre de notre seigneur Jésus-Christ, fils de Dieu vivant, versant des larmes, prononçant des prières, chantant des louanges de Dieu et lui rendant grâces pour avoir été jugé digne de voir ce qu'il avait toujours si ardemment désiré. »

Dès son installation dans Jérusalem, il s'attacha à structurer autour du Tombeau du Christ, une communauté mixte, composée de chanoines séculiers et de chevaliers, des croisés restés en Terre sainte. Ces derniers constituaient un groupe appelé milites sancti Sepulcri (« chevaliers du Saint-Sépulcre »). L'Ordre du Saint-Sépulcre fut ainsi créé. Ces chevaliers avaient pour mission de protéger la sépulture sacrée et ses biens. Parmi les 115 chevaliers, on trouvait un seigneur du nom de Hugues de Payns qui deviendra en 1129 le premier maître d'un nouvel ordre religieux, l'ordre du Temple.

L’Higoumène Daniel visita la ville en 1106 et rapporta la description suivante : « L’église de la Résurrection est de forme circulaire ; elle comprend douze colonnes monolithiques et six piliers, et elle est pavée de très belles dalles de marbre. Il existe six entrées et galeries avec soixante colonnes. Sous les plafonds, au-dessus des galeries, les saints prophètes sont représentés en mosaïque comme s’ils étaient vivants ; l’autel est surmonté d’un portrait du Christ en mosaïque. Le dôme de l’église n’est pas fermé par une voûte de pierre, mais il est formé d’une structure de poutres en bois, de façon que l’église soit ouverte dans sa partie supérieure. Le Saint Sépulcre est sous ce dôme ouvert. »[5]

Le chroniqueur Guillaume de Tyr rapporte la reconstruction du Saint-Sépulcre (cf. Schéma) au milieu du XIIe siècle. Les croisés rénovèrent l'église suivant le style roman et y ajoutèrent un clocher.

Ils restaurèrent le dôme de l’église byzantine et la crypte Sainte-Hélène. En 1144, la cour intérieure est fondue dans un monument de style roman composé d’une basilique surmontée d’un dôme, entre l’église Sainte-Hélène et la Rotonde. Depuis cette période, l’église du Saint-Sépulcre possède deux dômes, et les cinq sites les plus sacrés du christianisme sont abrités. Le Saint-Sépulcre est reconstruit suivant le plan de la Croix. Le 15 juillet 1149 est consacré le chœur des croisés, qui remplace l'ancienne cour à ciel ouvert reliant la rotonde à l'église de Constantin.

Les rénovations unifièrent ainsi les différents lieux saints. Ces dernières furent réalisées durant le règne de la reine Mélisende en 1149.

C’est durant cette période que de nombreuses traditions chrétiennes liées à la vie de Jésus sont instituées, notamment celle de la Via Dolorosa.

 

Sous la période ayyoubide

L'église et le reste de la ville furent perdus pour les Croisés avec Saladin. L’historien Imad al-Din écrit d'ailleurs à ce sujet que les Francs envisagèrent un martyre collectif dans l’église du Saint-Sépulcre.

A partir de ce moment, les Chrétiens se voient interdits de séjour, à l’exception des Chrétiens orientaux, qui sont chargés de l’entretien du Saint-Sépulcre. Néanmoins, un traité établi après la Troisième croisade tolérait la visite du site pour les pèlerins chrétiens.

Alors qu’il était excommunié, l'empereur Frédéric II récupéra la ville et l'église suite à un traité signé au XIIIe siècle. Cette situation eut pour résultat curieux de frapper l’église la plus sainte de la Chrétienté d’interdit.

En 1244, les Turcs Khwarezmiens pillèrent Jérusalem, massacrèrent les Chrétiens et dévastèrent le Saint-Sépulcre.

 

Époque moderne

Au XVe siècle, durant la période ottomane, les conflits entre musulmans et chrétiens firent leur apparition. Le Saint-Sépulcre fut une fois de plus dévasté.

Malgré l’augmentation constante des pèlerins depuis le Moyen Âge et durant l'époque moderne, à l'instar de Jérusalem, le site n'était plus entretenu et se dégradait. Félix Fabri, un frère dominicain allemand, y fait allusion après avoir effectué deux pèlerinages en Terre Sainte, le premier en 1480 et le second en 1483 : « La ville est dans un grand état de désolation. De nombreux bâtiments sont détruits [...] la malheureuse Jérusalem a souffert, souffre encore et souffrira plus tard de plus de sièges, dégradations, destructions et terreurs qu’aucune autre ville au monde[6]. »

Aussi, les moines franciscains apportèrent des améliorations en rénovant en 1555 le Saint-Sépulcre. On rénova notamment les plaques de marbre recouvrant le Tombeau. En 1648, le dôme fut restauré. Menacé à nouveau d'effondrement en 1719, il fut consolidé. La mosaïque qui le couvrait fut fragmentée en de petits morceaux qui furent vendus comme souvenirs.

 

Époque contemporaine
Plan de l'église du Saint-Sépulcre
Édicule abritant la Tombe du Christ à l'intérieur du Saint-Sépulcre

Un incendie détériora à nouveau sérieusement la structure en 1808 et provoqua l’effondrement du dôme qui brisa les décorations extérieures de l'Edicule. La Rotonde et l'extérieur de l'Edicule furent reconstruits entre 1809 et 1810 par l'architecte Komminos de Mytilène suivant un style architectural ottoman baroque.

Le feu n'atteint pas l'intérieur de l'édicule et les décorations en marbre du Tombeau.

Le dôme actuel fut construit entre 1863 et 1868 grâce aux aides financières des gouvernements français, russe et ottoman.

Les rénovations modernes les plus importantes ont commencé en 1959. Des travaux de restauration du dôme ont été effectués entre 1994 et 1997.

Le revêtement de marbre rouge plaqué contre l'édicule par Komminos a mal vieilli et se détache de la structure sous-jacente ; depuis 1947 il est maintenu en place grâce à une structure extérieure métallique installée par les britanniques. Aucun projet n'est envisagé pour sa rénovation.

Statu quo

Depuis la rénovation de 1555, le contrôle de l'église a alterné entre les Franciscains et les Orthodoxes. Sous l’empire ottoman, chaque communauté pouvait obtenir, sur fond de corruption, un firman accordé provisoirement par la « Sublime Porte » ce qui causait régulièrement des affrontements violents.

En 1767, las des querelles, la « Sublime Porte » édita un firman qui partagea l'église entre les revendicateurs. Ce fut confirmé en 1852 par un autre firman qui prit des dispositions permanentes par l’intermédiaire d’un statu quo établissant une division territoriale entre les communautés.

Les premiers gardiens sont l’Église orthodoxe grecque, l’Église catholique romaine et l'Église apostolique arménienne

 

L'établissement du statu quo n'a pas stoppé les vieilles velléités. Par une chaude journée d'été 2002, un moine copte qui était posté sur un toit déclara au territoire éthiopien qu’on avait déplacé sa chaise de l’endroit ombragé où elle se trouvait. Ce fut considéré comme une attitude hostile par les Éthiopiens. Onze personnes furent hospitalisées suite à l'altercation. Cet exemple est révélateur du conflit perpétuel, entretenu par les autorités, entre les orthodoxes coptes et éthiopiens concernant les titres de propriété de la chapelle des Éthiopiens (située sur le toit de la chapelle de Sainte-Hélène). Depuis le début du conflit, le gouvernement (en tant qu'autorité politique) a choisi de ne pas intervenir, conservant l'espoir que les deux communautés résoudront la question entre elles.

Un autre incident eu lieu en 2004 lorsque lors des célébrations orthodoxes de l'Exaltation de la Sainte-Croix, une porte de la chapelle Franciscaine fut laissée ouverte. Cela fut pris comme un signe d'irrespect de la part des Orthodoxes et un pugilat éclata. Certains individus furent arrêtés mais personne ne fut sérieusement blessé. En 2008, des rixes éclatèrent entre paroissiens arméniens et grecs-orthodoxes. Des popes grecs orthodoxes et des prêtres arméniens en sont venus aux mains, le 9 novembre 2008, dans la basilique du Saint-Sépulcre. La police israélienne est intervenue pour séparer les deux camps. Certains des prêtres ont utilisé des cierges comme gourdins tandis que d'autres tentaient d'arracher les soutanes de leurs rivaux.

Conformément au statu quo, aucune partie désignée comme territoire commun ne peut être rénovée sans le consentement de toutes les communautés. Lorsque les communautés n’arrivent pas à s’entendre, l’édifice ne peut bénéficier des réparations dont il aurait pourtant grandement besoin.

Après le séisme de 1927, l'autorité politique en place (conformément aux dispositions du Statu quo) dut intervenir pour entreprendre des réparations urgentes.

Pourtant, un simple petit désaccord retarde certaines rénovations urgentes notamment celle de l'Édicule. Il faudrait modifier le Statu Quo mais un simple changement serait préjudiciable à certaines communautés qui refusent de renoncer à leurs privilèges.

Le rebord de la fenêtre de l'entrée de l'église est un signe mineur mais non moins ridicule de cette situation. Une échelle en bois fut placée à cet endroit autrefois avant 1852, au moment où le statu quo incluait les portes et les rebords de fenêtres dans la gestion commune. L'échelle est encore présente à ce jour et dans la même position où elle se trouvait les siècles passés, en attestent la photo et la gravure ci-contre.

Aucune des communautés ne contrôle l'entrée principale. En 637, le calife Omar confia la garde de la porte à la famille Nusseibeh. En 1192, Saladin partagea cette responsabilité à deux familles musulmanes voisines, pour éviter les conflits entre communautés chrétiennes. On a confié aux Joudeh la garde de la clé et les Nusseibeh ont eu pour tâche de garder la porte. Ces fonctions sont encore en vigueur aujourd’hui. Deux fois par jour, un membre de la famille Joudeh apporte la clé à un Nusseibeh qui ouvre et ferme la porte.

Description
Plan
Position de la tombe du Christ et le Golgotha au sein de l'église
Une foule de pèlerins qui s'engouffre dans l'entrée principale, 1898
La Pierre de l'Onction, on pense que c'est l'endroit où le corps de Jésus fut préparé avant son ensevelissement. C'est le lieu de la 13e station du Chemin de croix.

L'entrée de l'église est une simple porte située au niveau du transept sud. Ce chemin d’accès étroit pour une si grande structure s’est avéré être parfois dangereux. En effet, à l’occasion d’un incendie qui éclata en 1840, une douzaine de pèlerins furent piétinés à mort. En 1999, les différentes communautés se mirent d’accord pour installer une nouvelle porte de sortie dans l'église, mais il n'y eu jamais de rapport effectué pour la réalisation de cette dernière.

En 2009, le Saint-Sépulcre se divise en cinq grandes sections : le Golgotha, la Tombe, la Basilique, le Corridor et la Crypte de la Croix.
Six groupes religieux chrétiens se partagent son espace :

 

Le statu quo donne des droits aux Orthodoxes, aux Catholiques ainsi qu’à l’Église Apostolique arménienne à l'intérieur du tombeau. Les trois communautés peuvent y célébrer la Divine Liturgie ou la Messe tous les jours.

Il est aussi utilisé dans le cadre d'autres cérémonies pour des occasions spéciales, notamment la

cérémonie du Samedi saint ou bien encore la cérémonie orthodoxe du feu

sacré célébrée par le Patriarche Orthodoxe grec de Jérusalem.

 

Suite !!

 

 

 

 

 

 

 

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