Chamanisme dans le monde

 

Le chamanisme dans le monde

Le chamanisme chinois

Le chamanisme a existé en Chine. Il a été repris par le taoïsme.

 Selon un ouvrage du IIIe siècle,

le Baopuzi, le prêtre connaît des voyages extatiques qui l'emmènent au ciel,

où il peut rencontrer des dieux, des ancêtres, ou trouver des remèdes médicaux.

Il est aidé par des animaux, dragons, tigres ou cerfs.

Une caractéristique générale des chamans est justement de pouvoir

se rendre au Ciel ou dans les Enfers.


Le chamanisme grec antique : les Hyperboréens


On qualifie d'« hyperboréens » ou d'« apolliniens »

un groupe de penseurs ou de mages ou de chamans antérieurs à Socrate et même au premier des présocratiques (Thalès) :

Aristée de Proconnèse (vers 600 av. J.-C.),

Épiménide de Crète (vers 595 av. J.-C.),

Phérécyde de Syros (vers 550 av. J.-C.),

Abaris le Scythe (vers 570 av. J.-C. ?),

Hermotime de Clazomènes (vers 500 av. J.-C.).

Les Grecs en faisaient une école, qui anticipait le pythagorisme.

Pour Apollonios Dyscole,

« À Épiménide, Aristéas, Hermotime, Abaris et Phérécyde a succédé Pythagore (...)

qui ne voulut jamais renoncer à l'art de faiseur de miracles. » [24]

Le pythagoricien Nicomaque de Gérase (vers 180) a sa liste :

« Marchant sur les traces de Pythagore,

Empédocle d'Agrigente,

Épiménide le Crétois

et Abaris l'Hyperboréen

accomplirent souvent des miracles semblables ».

Clément d'Alexandre met ensemble

(Strômates, I, 133) Pythagore, Abaris, Aristéas, Épiménide, Zoroastre, Empédocle, Phormio.

Pline l'Ancien (Histoire naturelle, VII, 174) groupe Hermotime, Aristéas, Épiménide, Empédocle.

Walter Burkert énumère comme "faiseurs de miracles" :

Aristéas, Abaris, Épiménide, Hermotime, Phormio, Léonymos, Stésichoros, Empédocle, Zalmoxis[25].

Ces personnages sont à la fois des chamans et des penseurs ou même des philosophes.

Le premier à noter l'aspect chamanique fut Meuli[26], suivi par Alföldi et Eric Robertson Dodds[27].

Avec Abaris et Aristéas, voici, dit Giorgio Colli,

« le délire d'Apollon à l'ouvrage.

L'extase apollinienne est un sortir hors de soi : l'âme abandonne le corps et, libérée, elle se transporte au dehors.

Cela est attesté par Aristéas, et on dit de son âme qu'elle volait[28].

À Abaris, en revanche, on attribue la flèche, symbole transparent d'Apollon,

et Platon fait allusion à ses sortilèges.

Il est permis de conjecturer qu'ils (Abaris et Aristéas), ont réellement vécu. (...)

Ce que relate Hérodote à propos de la transformation d'Aristéas en corbeau[29] est aussi digne d'intérêt :

le vol est un symbole apollinien (...).

D'autres renseignements sur Épiménide en donnent une représentation chamanique

qui est à mettre en relation avec Apollon Hyperborée.

Dans ce cadre prennent place sa vie ascétique, sa diète végétarienne,

voire son fabuleux détachement vis-à-vis de la nécessité de se nourrir. (...)

C'est, en effet, chez Épiménide que l'on peut saisir pour la première fois les deux aspects de la sagesse individuelle archaïque de source apollinienne :

l'extase divinatoire et l'interprétation directe de la parole oraculaire du dieu[30].

Le premier aspect est déjà repérable chez Abaris et Aristéas. (...)

Phérécyde de Syros se présente à première vue comme un personnage apollinien.

En effet, de Phérécyde est attestée l'excellence dans la divination,

et Aristote lui-même[31] lui attribue une pratique miraculeuse de la magie,

qualité récurrente dans le chamanisme hyperboréen. »[32]

Aristote classe Phérécyde de Syros et quelques autres comme proche des Mages[33].

Selon Élien, « les habitants de Crotone ont appelé Pythagore Apollon Hyperboréen. »[34].

Pythagore a des aspects chamaniques, sans être un chaman :

il distingue nettement l'âme du corps, il utilise des guérisons magiques, il croit en la solidarité entre humains et animaux, etc.

Empédocle (vers 460 av. J.-C.) pouvait, dit-on, « retenir le vent », détourner la peste, délivrer les terres de la stérilité,

guérir par la musique, et même faire revenir à la vie.

Phormion, fameux amiral en 429 av. J.-C., blessé dans une bataille, fut, dit-on, guéri en allant - sans doute par voyage chamanique,

par transe - à Sparte, chez les Dioscures (Castor et Pollux), souvent liés à Apollon et immortels.

Les Grecs ont été en contact avec le chamanisme vers 630 av. J.-C.

quand ils ont colonisé la région de la mer Noire, où vivaient des Scythes.

Les Scythes avaient leurs chamans,

qui respiraient la fumée de chanvre et entraient en extase (Hérodote, IV, 75).

Abaris est un Scythe.

 

Le chamanisme scandinave

Il y a des exemples très nets de chamanisme dans le monde indo-européen, surtout dans sa mythologie.

Ainsi, le dieu Odin des Scandinaves peut quitter son corps, qui gît alors comme endormi, sous une forme animale,

et voyager là où il le désire.

Il possède un cheval à huit pattes, très rapide, qui est aussi identifié à un arbre cosmique (Yggdrasill) semblable à celui utilisé par les chamans lors de leurs voyages.

Par ailleurs, Odin est un grand magicien et il peut forcer les morts à livrer les secrets de l'Au-delà,

ce qui est une prérogative du chaman.

Dans la Grèce antique, on connaît le poète Aristée de Proconnèse.

Il était transporté au loin lors de «délires apolliniens» (Apollon étant un dieu apparenté à Odin).

Il abandonnait son corps, qui gisait comme mort.

Sur son île, une statue le représentait à côté d'Apollon (Hérodote, IV, 13-15).

Pline l'Ancien rapporte qu'elle représentait son âme quittant son corps sous la forme d'un corbeau.

La cosmologie indo-européenne ressemble au chamanisme néolithique : l'univers est constitué de trois mondes, le Ciel, la Terre et les Enfers, qui sont reliés par un arbre.

La voyance, la divination ou la magie sont plus l'affaire des femmes que des hommes (d'où les croyances aux sorcières).

Le chamanisme masculin se voit relégué dans la mythologie

tandis que les fonctions sacerdotales sont exercées par une classe de prêtres.

Chamane Saami avec son tambour magique

Les Scandinaves considéraient leurs voisins Lapons (de langue finno-ougrienne) comme de grands magiciens.

Ils appelaient aussi ce peuple les Sameh (singulier Same), comme les Lapons se nomment eux-mêmes.

De toute évidence, le chamanisme était très développé chez eux.

Les chamans sameh étaient appelés des noaides.

  Leurs pratiques ont été décrites au XIIIe siècle dans l'Historia Norwegiae.

Ils officiaient grâce à des assistants qui chantaient et ils utilisaient un tambour (comme leurs homologues sibériens)

et un marteau de corne.

Ils pouvaient prendre une forme animale pour aller se battre contre un confrère, découvrir un voleur

ou même le mutiler à distance,

attirer le gibier à portée des chasseurs ou le poisson dans le fjord, provoquer des états d'hypnose ou d'illusion des sens.

Les Finno-Ougriens sont originaires des forêts du nord de la Russie.

D'une manière ou d'un autre, une analyse fine du chamanisme le fait toujours provenir du nord de l'Eurasie.


chamanisme corse

En Corse, peut être trouvé le Mazzeru (voir Mazzérisme).

Le Mazzeru n'est pas toujours considéré comme faisant partie de ce monde à part entière.

N'étant ni du monde des vivants, ni du monde des morts, il se situe plutôt à la limite de ces deux mondes.

  Il est également désigné, selon les régions, sous les noms de Culpadore, d'Acciacatore et bien sûr de Mazzeru.

Ces trois termes sont formés à partir des verbes acciacà, culpà, amazzà, qui signifient « tuer » en frappant.

Cette fonction de tuer provient de la capacité du Mazzeru à « chasser en rêves ».

Lors du sommeil du Mazzeru son double spirituel va dans le monde des rêves participer à une partie de chasse, le Mazzeru tuant le premier animal (sauvage ou domestique) qu'il croise.

En retournant la bête sur le dos, la tête de celle-ci se transformera en visage humain.

Cet humain, connu du Mazzeru, est condamné à mourir entre trois jours et un an plus tard.

Hommes et femmes peuvent être des Mazzeru,

même si les femmes sont réputées être plus acharnées que les hommes dans leur façon de tuer.

 

 

 Suite !!


 

 

 

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