Sourate des Murailles
7. Sourate des Murailles (Al-A‘râf)
Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux.
[1] Alif - Lâm - Mîm - Sâd. [2] C’est un Livre qui t’est révélé. Que ton cœur ne ressente aucune
angoisse à son sujet ! Il te servira à avertir les hommes et à adresser un rappel aux
croyants.
[3] Suivez ce qui vous a été révélé de la part de votre Seigneur et ne suivez aucun autre maître que Lui ! Mais c’est bien peu que vous vous en souveniez !
[4] Que de cités n’avons-Nous pas anéanties ! Notre châtiment les a frappées pendant leur sommeil, dans la nuit, ou pendant leur sieste de la journée. [5] Et lorsque Notre rigueur s’est abattue sur elles, elles n’eurent qu’un seul cri : «Oui, nous avons été injustes !»
[6] Certes, Nous interrogerons ceux à qui les messages ont été envoyés et Nous interrogerons également les messagers.
[7] Nous leur relaterons leur histoire en toute connaissance, car Nous n’avons jamais cessé de les observer.
[8] Et, ce jour-là, la pesée sera équitable. Ceux dont les bonnes actions pèseront lourd seront les bienheureux, [9] tandis que ceux dont les bonnes œuvres ne feront pas le poids, pour avoir été injustes envers Nos signes, seront des damnés.
[10] Nous vous avons installés sur la Terre et Nous vous y avons pourvus de multiples ressources. Mais vous en êtes rarement reconnaissants !
[11] Nous vous avons créés, Nous vous avons modelés, puis Nous avons dit aux anges : «Prosternez-vous devant Adam !» Tous s’exécutèrent, Satan seul refusa de s’incliner.
[12] «Pourquoi, lui dit le Seigneur, ne t’es-tu pas prosterné, comme Je te l’ai ordonné?» – «Je suis meilleur que lui, répondit Satan. Tu m’as tiré du feu, alors que Tu l’as créé d’argile !»
[13] – «Descends d’ici, dit alors le Seigneur. Il ne te sied pas de t’enorgueillir en ces
lieux. Hors d’ici, méprisable que tu es !»
[14] – «Accorde-moi un délai, demanda Satan, jusqu’au jour où les hommes seront ressuscités.»
[15] – «Ce délai t’est accordé», dit le Seigneur. [16] – «Puisque Tu as décrété ma perte, reprit Satan, je guetterai désormais les hommes le long de la Voie droite, [17] pour les harceler, par-devant et par-derrière, sur leur gauche et sur leur droite, en sorte que Tu en trouveras bien peu qui Te seront reconnaissants !»
[18] – «Hors d’ici, dit le Seigneur, couvert d’opprobre et à jamais banni ! De tous ceux parmi eux qui t’auront suivi et de toi-même, Je remplirai la Géhenne !
[19] Quant à toi, Adam, habite le Paradis, toi et ton épouse. Mangez de ses fruits à votre guise ! Mais n’approchez, sous aucun prétexte, de l’arbre que voici ! Sinon, vous seriez du nombre des injustes.»
[20] Mais Satan s’employa à les tenter, afin de découvrir à leurs yeux les parties de leurs corps tenues jusqu’alors cachées, en leur disant : «Votre Seigneur ne vous a interdit cet arbre que pour vous empêcher de devenir des anges ou des immortels.
[21] Je suis pour vous, leur jura-t-il, un conseiller sincère.» [22] Et il réussit ainsi à les séduire par ses supercheries. Mais lorsqu’ils eurent goûté à l’arbre, ils virent apparaître leur nudité qu’ils s’empressèrent de couvrir avec des feuilles du Paradis. Le Seigneur les interpella alors : «Ne vous ai-Je pas interdit cet arbre? Ne vous ai-Je pas dit que Satan était votre ennemi déclaré?»
[23] – «Seigneur, dirent Adam et son épouse, nous avons agi injustement envers nous-mêmes. Si Tu ne nous pardonnes pas, et si Tu nous refuses Ta grâce, nous serons à jamais perdus.»
[24] – «Descendez, dit le Seigneur. Vous serez ennemis les uns des autres sur Terre où vous trouverez un séjour et une jouissance temporaires.» [25] Et Il ajouta : «C’est là où vous vivrez, c’est là où vous mourrez et c’est de là qu’on vous fera sortir un jour !»
[26] Ô fils d’Adam ! Nous vous avons dotés de vêtements pour couvrir votre nudité, ainsi que de parures.
Mais le meilleur vêtement est la crainte révérencielle du
Seigneur ! C’est là un des signes de Dieu. Peut-être s’en
souviendront-ils !
[27] Ô fils d’Adam ! Ne vous laissez pas tenter par Satan, comme vos parents qu’il a fait sortir du Paradis, en les dépouillant de leurs vêtements pour leur montrer leur nudité, car lui et sa cohorte ne cessent de vous observer alors que vous, vous ne les voyez pas.
Nous avons fait des démons les alliés des négateurs [28] qui disent quand ils commettent une
turpitude : «C’est une coutume que nos ancêtres nous ont léguée et que Dieu a ordonné d’observer !» Dis-leur : «Dieu n’ordonne jamais de commettre des turpitudes. Allez-vous attribuer à Dieu des choses dont vous n’avez aucune connaissance?»
[29] Dis-leur : «Mon Seigneur ordonne l’équité, comme Il vous ordonne de vous
adresser exclusivement à Lui dans chaque prière, et de L’invoquer toujours d’une
foi pure et sincère, car, de même qu’Il vous a créés pour la première fois, Il vous ressuscitera pour vous ramener tous à Lui, [30] aussi bien ceux qu’Il a mis sur la bonne voie que ceux qui ont mérité d’être égarés, pour avoir pris, en dehors de Dieu, les démons pour maîtres et alliés, pensant qu’ils étaient bien guidés.»
[31] Ô fils d’Adam ! Mettez vos plus beaux habits à chaque prière ! Mangez et buvez en évitant tout excès ! Dieu n’aime pas les outranciers.
[32] Dis : «Qui a déclaré illicites les parures et les mets succulents dont Dieu a gratifié Ses serviteurs?» Réponds : «Ils sont destinés en cette vie aux croyants et ils seront leur apanage dans la vie future.» C’est ainsi que Nous exposons clairement Nos signes à des gens qui comprennent.
[33] Dis encore : «Mon Seigneur a interdit seulement les turpitudes apparentes ou occultes, le mal et toute violence injustifiée ; de même qu’Il a interdit de Lui prêter des associés qu’Il n’a jamais accrédités et de dire de Lui des choses dont vous n’avez aucune connaissance.»
[34] À chaque communauté humaine un terme est fixé ; et quand ce terme échoit, nul ne peut, ne serait-ce que d’une heure, ni le retarder ni l’avancer.
[35] Ô fils d’Adam ! Si des prophètes issus de vous-mêmes viennent vous rappeler
Mes enseignements, sachez que quiconque aura cru et fait le bien ne connaîtra ni
crainte ni tristesse ; [36] tandis que ceux qui auront traité Nos signes de mensonges et qui, par orgueil, s’en seront détournés, ceux-là seront voués à l’Enfer pour l’éternité, [37] car qui est plus injuste que celui qui forge des mensonges sur le compte de Dieu ou qui traite Ses signes d’imposture?
Ceux qui s’en rendent coupables auront, certes, la part qui leur est destinée ; mais lorsque les anges de la mort viendront recueillir leur âme, ils leur demanderont : «Où sont donc ceux que vous invoquiez en dehors de Dieu?» Et ils répondront : «Ils nous ont bel et bien abandonnés», témoignant ainsi contre eux-mêmes qu’ils étaient infidèles.
[38] Et Dieu leur dira alors : «Allez rejoindre en Enfer les générations de djinns et d’hommes qui vous ont précédés !» Et chaque fois qu’une communauté y pénétrera, elle maudira son aînée, jusqu’au moment où elles seront toutes réunies. Alors la dernière entrée dira de la première arrivée : «Voilà, Seigneur, ceux qui nous ont égarés ! Double donc leur châtiment par le feu !» Le Seigneur répondra : «À chacun de vous sera infligé un double châtiment, mais vous ne le saviez pas jusqu’à présent !»
[39] Et la première fournée dira aux derniers arrivés : «Vous ne valez guère mieux que nous. Goûtez donc le supplice que vous avez mérité par vos crimes !»
[40] Ceux qui traitent Nos signes de mensonges et s’en détournent avec dédain,
ceux-là ne verront jamais s’ouvrir devant eux les portes du Ciel ni n’auront accès
au Paradis que quand le chameau aura traversé le chas d’une aiguille !
C’est ainsi que Nous rétribuons les criminels [41] qui auront pour lit le brasier de l’Enfer et pour couverture des flammes ardentes. C’est ainsi que Nous rétribuons les injustes.
[42] Mais à ceux qui croient et font le bien, Nous n’imposerons aucune charge qui soit au-dessus de leurs moyens. Et ceux-là auront le Paradis pour séjour éternel. [43] Nous extirperons toute haine de leurs cœurs, et des ruisseaux couleront à leurs pieds. Alors, ils s’écrieront : «Louange à Dieu qui nous a conduits en ce lieu ! Si Dieu n’avait pas voulu nous guider dans la bonne voie, nous n’aurions jamais pu y accéder. Ainsi, tout ce que les envoyés de notre Seigneur nous avaient annoncé s’est réalisé !» Et, au même moment, une voix les interpellera : «Voici le Paradis ! C’est l’héritage qui vous échoit pour prix de vos bonnes œuvres.»
[44] Et les habitants du Paradis crieront aux habitants de l’Enfer : «Voilà que se réalise pour nous la promesse de notre Seigneur ! Et celle qu’Il vous a faite se réalise-t-elle?» – «C’est fait !», répondront-ils. Un crieur proclamera alors au milieu d’eux : «Que la malédiction de Dieu s’abatte sur les coupables, [45] qui détournaient leurs
semblables de la Voie de leur Seigneur, voulant la rendre tortueuse, et qui ne
croyaient pas à la vie future !»
[46] Et entre les deux séjours et au-dessus des murailles (al-A`râf) qui les séparent se tiendront des hommes qui, reconnaissant chacun à son signe distinctif, diront aux habitants du Paradis : «Que la paix soit avec vous !», sans pouvoir les y rejoindre eux-mêmes malgré leur vif désir de le faire.
[47] Puis, lorsque leur regard tombera sur les habitants de l’Enfer, ils imploreront : «Seigneur, ne nous réunis pas avec ces pervers !» [48] Et, s’adressant à certains damnés qu’ils reconnaîtront à leurs signes distinctifs, les gens d’al-A`râf leur diront : «Alors, à quoi vous ont servi toutes les richesses que vous aviez amassées et tout ce qui faisait l’objet de votre fierté?» [49] Sont-ce ceux-là au sujet desquels vous juriez qu’ils n’obtiendraient aucune grâce du Seigneur? Eh bien, heureux élus, entrez au Paradis où plus jamais vous ne connaîtrez ni crainte ni peine ! [50] Et les hôtes de l’Enfer crieront aux hôtes du Paradis : «Répandez sur nous un peu d’eau ou un peu de ces biens que Dieu vous a accordés !» – «En vérité, leur répondront les bienheureux, Dieu a interdit l’un et l’autre aux impies [51] qui faisaient de leur religion un jeu et un divertissement, et qui se laissaient séduire par les plaisirs éphémères de la vie terrestre.» Ceux-là, Nous les oublierons en ce jour, comme ils en ont eux-mêmes oublié l’avènement, et ont refusé de croire à Nos enseignements.
[52] Et pourtant Nous leur avions bien apporté une Écriture que Nous avions détaillée en toute connaissance, à titre de guide et de bénédiction pour les croyants. [53] Qu’attendent-ils, sinon la réalisation des prédictions de ce Livre? Mais le jour où elles se réaliseront, ceux qui l’auront auparavant oublié s’écrieront : «Les prophètes de notre Seigneur avaient donc bien prédit la vérité ! Pourrons-nous avoir des intercesseurs pour plaider en notre faveur? Ou pourrons-nous être ramenés sur Terre pour agir autrement que nous l’avions fait?» Ainsi, ils auront été les artisans de leur propre perte et les divinités qu’ils inventaient se seront à jamais évanouies !
[54] En vérité, votre Seigneur, c’est Dieu qui a créé les Cieux et la Terre en six jours et S’est ensuite établi sur Son Trône. Il couvre le jour de la nuit que celle-ci poursuit sans arrêt. De même qu’Il a créé le Soleil, la Lune et les étoiles et les a soumis à Ses lois, car la Création et le Commandement suprême ne relèvent que de Lui. Béni soit donc Dieu, le Seigneur de l’Univers !
[55] Invoquez votre Seigneur humblement et secrètement. En vérité, Dieu n’aime pas les transgresseurs. [56] Ne semez pas le désordre sur la Terre, après que l’ordre y a été établi. Invoquez votre Seigneur avec crainte et espoir. La miséricorde de Dieu est à la portée de ceux qui font des œuvres salutaires.
[57] C’est Dieu qui envoie les vents, annonciateurs de Sa miséricorde. Et quand ils sont chargés de lourdes nuées, Nous les dirigeons vers une contrée morte de sécheresse et Nous en déversons l’eau avec laquelle Nous faisons pousser toutes sortes de fruits. C’est ainsi que Nous ressusciterons les morts. Peut-être saurez-vous y réfléchir.
[58] Un sol généreux produit toujours, par la grâce du Seigneur, une abondante récolte, tandis que le sol ingrat ne donne qu’une maigre végétation sans grande valeur. C’est ainsi que Nous varions les exemples pour ceux qui sont reconnaissants.
[59] Nous avons envoyé Noé à son peuple : «Ô mon peuple, dit-il, adorez Dieu ! Vous n’avez d’autre divinité que Lui. Je crains pour vous le châtiment d’un grand jour !» [60] Mais les chefs de son peuple lui répondirent : «Tu nous parais être en pleine extravagance !» [61] – «Ô mon peuple, reprit le prophète. Je ne suis nullement un égaré. Je suis seulement un envoyé du Seigneur de l’Univers ! [62] Je viens vous communiquer les messages de mon Seigneur et vous donner de bons conseils. Je sais, de la part de Dieu, des choses que vous ne pouvez savoir.
[63] Trouvez-vous étrange qu’un message de votre Seigneur vous soit transmis par
l’intermédiaire d’un homme issu de vous-mêmes, afin de vous mettre en garde et
de vous exhorter à craindre Dieu en vue de mériter Sa misé-ricorde?»
[64] Mais ils le traitèrent de menteur. Nous le sauvâmes ainsi que ceux qui étaient avec lui sur l’arche, et Nous fîmes engloutir ceux qui traitaient Nos signes de mensonges. C’était un vrai peuple d’aveugles !
[65] Et aux gens de `Âd Nous avons envoyé leur frère Hûd qui leur dit : «Ô mon peuple ! Adorez Dieu ! Il n’y a pour vous d’autre divinité que Lui. Ne craignez-vous pas votre Seigneur?» [66] Les grands de son peuple qui étaient des négateurs lui répondirent : «Nous voyons bien que tu dis des sottises et que tu ne rapportes que des mensonges !» [67] – «Non, reprit-il, je ne suis pas un insensé. Je suis un envoyé du Seigneur des Mondes.
[68] Je vous apporte les messages de mon Seigneur, et je suis pour vous un conseiller digne de confiance. [69] Trouvez-vous étrange qu’un message de votre Seigneur vous soit transmis par l’intermédiaire d’un homme issu de vous-mêmes, afin de vous avertir? Souvenez-vous que Dieu a fait de vous les successeurs du peuple de Noé et qu’Il a accru votre puissance. Souvenez-vous des bienfaits de Dieu si vous voulez assurer votre salut.»
[70] – «Es-tu venu nous dire, répondirent-ils, de n’adorer que Dieu seul et de renoncer à ce qu’adoraient nos pères? Fais donc surgir les malheurs dont tu nous menaces, si tu es sincère !»
[71] – «Vous venez d’attirer sur vous la malédiction et la colère de Dieu, reprit Hûd. Allez-vous disputer avec moi sur des divinités irréelles à qui vous avez, vous-mêmes et vos pères, donné des noms et qu’aucune révélation de Dieu n’a accréditées? Attendez donc ! Je saurai attendre avec vous.»
[72] Nous le sauvâmes alors, ainsi que ceux qui le suivaient, par un effet de Notre grâce, et exterminâmes ceux qui avaient traité Nos signes de mensonges et refusé de croire.
[73] Aux gens de Thamûd Nous avons envoyé leur frère Sâlih qui leur dit : «Adorez Dieu ! Vous n’avez d’autre divinité que Lui. Votre Seigneur vous envoie une preuve irréfutable. Voici la chamelle de Dieu ; elle est un signe pour vous. Laissez-la paître sur la terre de Dieu et ne lui faites aucun mal, sinon vous subirez un châtiment impitoyable.
[74] Souvenez-vous que Dieu a fait de vous les successeurs de `Âd et qu’Il vous a
bien établis sur la Terre, où vous avez édifié des palais dans les plaines et creusé
des demeures dans les montagnes. Proclamez les bienfaits de Dieu et ne
commettez pas de corruption sur la Terre !»
[75] Les notables de son peuple, pleins d’orgueil, dirent aux faibles, parmi eux, qui s’étaient convertis : «êtes-vous bien sûrs que Sâlih soit réellement envoyé par son Dieu?» – «Oui, répondirent les croyants, nous avons entièrement foi dans le message qu’il vous a transmis !»
[76] – «Et nous, répliquèrent les arrogants, nous renions absolument ce en quoi vous croyez !» [77] Puis, désobéissant aux ordres de leur Seigneur, ils égorgèrent la chamelle et dirent à Sâlih : «Exécute maintenant les menaces que tu brandis contre nous, si tu es vraiment un prophète !»
[78] C’est alors que le cataclysme vint les surprendre et que, le lendemain matin, leurs demeures étaient jonchées de leurs cadavres. [79] Puis Sâlih se retira en disant : «Ô mon peuple ! Je vous ai bien transmis le message de mon Seigneur. Je vous ai loyalement conseillés, mais vous n’aimez pas entendre les bons conseils !»
[80] Rappelez-vous aussi Loth, quand il dit à son peuple : «Comment osez-vous pratiquer un vice qu’aucun peuple avant vous n’avait pratiqué? [81] Vous vous obstinez à assouvir vos désirs charnels sur les hommes, plutôt que sur les femmes ! N’est-ce pas là l’œuvre d’un peuple pervers?»
[82] Mais, pour toute réponse, son peuple s’écria : «Bannissez de votre cité ces faux puritains ! Nous n’en avons que faire !»
[83] Cependant, Nous sauvâmes Loth et les siens, excepté sa femme qui eut le même sort que ceux qui devaient périr. [84] Nous fîmes tomber sur eux une pluie de pierres d’argile. Observe comment finissent les criminels !
[85] Aux habitants de Madyan fut envoyé leur frère Shu`ayb. «Ô mon peuple, leur dit-il, adorez Dieu ! Il n’y a pour vous d’autre divinité que Lui. Votre Seigneur vous envoie un signe irréfutable. Donnez bon poids et juste mesure ! Ne frustrez pas les gens de leurs biens ! Ne semez pas le désordre sur la Terre après que l’ordre y a été établi ! Cela vous sera profitable, si vous avez la foi. [86] Ne vous portez pas sur tous les chemins pour terroriser les croyants et les détourner de la Voie de Dieu, cette Voie droite que vous cherchez à rendre tortueuse !
Souvenez-vous du petit nombre que vous étiez avant qu’Il ne fît de vous un peuple prospère. Considérez quelle a été la fin des pervers ! [87] S’il en est parmi vous un certain nombre pour croire à ma mission alors que d’autres n’y ont pas cru, patientez jusqu’à ce que Dieu nous départage, car Il est le Meilleur des juges !»
[88] Mais les chefs de son peuple, enflés d’orgueil, répliquèrent : «Ô Shu`ayb ! Nous te chasserons de notre cité, ainsi que ceux qui ont cru avec toi, à moins que vous ne reveniez à notre culte.» – «Comment !, riposta Shu`ayb. Y revenir, même si nous l’avons en aversion ! [89] Ce serait de notre part une véritable trahison à l’encontre de Dieu que de revenir à votre religion après qu’Il nous en a délivrés. Il n’est donc plus question pour nous d’y retourner, à moins que Dieu, notre Seigneur dont la science embrasse toute chose, ne le veuille ! C’est en Lui que nous mettons notre confiance. Seigneur ! Veuille trancher, en toute équité, le différend qui nous oppose à notre peuple, car Tu es le Meilleur des juges !»
[90] Et les négateurs parmi les notables de son peuple dirent : «Si vous suivez Shu`ayb, vous êtes assurément perdants.» [91] Alors un violent tremblement les secoua. Et le lendemain, ils gisaient, inanimés, dans leurs demeures.
[92] Ainsi fut la fin de ceux qui avaient traité Shu`ayb d’imposteur, comme s’ils n’avaient jamais hanté ces demeures ; ce sont eux qui furent les perdants.
[93] Shu`ayb s’éloigna alors d’eux en disant : «Ô mon peuple ! Je vous ai transmis les messages de mon Seigneur. Je vous ai prodigué les conseils les plus salutaires. Après tout, dois-je m’affliger sur le sort d’un peuple infidèle?»
[94] C’est ainsi que Nous n’avons jamais dépêché un prophète dans une cité sans accabler ses habitants de malheurs et de calamités, afin de les inciter à reconnaître leurs péchés et à s’en repentir. [95] Puis Nous substituions le bonheur à l’adversité, si bien que, se sentant en pleine prospérité, ces gens-là finissaient par dire : «Après tout, nos pères ont déjà connu aussi bien le bonheur que le malheur !» C’est alors que Nous les saisissions à l’improviste, au moment où ils s’y attendaient le moins.
[96] Et si les habitants de ces cités avaient cru et avaient craint Dieu, Nous aurions à coup sûr répandu sur eux des bénédictions du Ciel et de la Terre ; mais ils ont crié au mensonge. Aussi les avons-Nous sanctionnés en raison de leurs péchés.
[97] Ces gens-là étaient-ils sûrs que Notre châtiment ne viendrait pas les frapper de nuit, en plein sommeil? [98] Ou que Nos supplices ne s’abattraient pas sur eux en plein jour, au milieu de leurs divertissements et de leurs plaisirs? [99] Se sentaient-ils à l’abri des ripostes divines? Or, seuls les perdants croient échapper à la rigueur du Seigneur.
[100] N’a-t-Il pas montré à ceux qui ont hérité de la Terre après ses anciens occupants que si Nous le voulions, Nous les punirions pour leurs crimes et scellerions leurs cœurs au point qu’ils n’entendraient plus rien?
[101] Telles sont les cités dont Nous te relatons quelques-unes des histoires. Des prophètes leur furent envoyés avec des preuves. Mais leurs habitants n’étaient pas prêts à croire à ce qu’ils avaient auparavant renié. C’est ainsi que Dieu scelle à jamais le cœur des infidèles.
[102] Nous n’avons trouvé, chez la plupart d’entre eux, aucune trace de fidélité à leurs engagements. Nous avons, en revanche, constaté que la plupart d’entre eux étaient pervers.
[103] Après ces prophètes, Nous avons envoyé Moïse avec Nos signes à Pharaon et aux dignitaires de son peuple qui ont commis l’injustice de les renier. Considère donc quelle fut la fin des corrupteurs !
[104] «Ô Pharaon, dit Moïse, je suis un messager du Seigneur de l’Univers.
[105] Il est de mon devoir de ne dire sur Dieu que la vérité. Je vous apporte une preuve évidente de votre Seigneur. Laisse donc partir avec moi les fils d’Israël !»
[106] – «Tu prétends apporter une preuve, dit Pharaon. Produis-la donc, si tu es sincère !» [107] Moïse jeta alors son bâton, et aussitôt celui-ci se mua en véritable serpent ; [108] puis il étendit la main, et elle apparut toute blanche aux spectateurs. [109] «Ne voilà-t-il pas, s’écria l’entourage de Pharaon, un magicien fort habile? [110] Il veut vous chasser de votre terre ! Qu’ordonnez-vous donc de faire? [111] Fais-le attendre, lui et son frère, et envoie dans toutes les villes des émissaires [112] pour t’amener tout homme versé dans la magie.» [113] Réunis chez Pharaon, les magiciens lui dirent : «Nous aurons certainement une récompense si nous sommes les vainqueurs !» [114] – «Bien sûr, dit Pharaon, mieux encore, vous siégerez parmi les membres de ma cour.» [115] Les magiciens dirent alors à Moïse : «Veux-tu commencer ou est-ce nous qui commençons?» [116] – «Commencez !», répondit Moïse. Et aussitôt qu’ils eurent jeté leurs sorts, ils fascinèrent la foule, lui inspirèrent une grande frayeur et déployèrent une magie extraordinaire !
[117] Nous inspirâmes alors à Moïse de jeter son bâton qui, aussitôt, se mit à engloutir ce que les magiciens avaient
inventé. [118] Et c’est ainsi que la vérité éclata, mettant en échec toutes leurs manœuvres. [119] Vaincus et humiliés, [120] les magiciens se prosternèrent face contre terre,
[121] en disant : «Nous croyons au Maître de l’Univers, [122] au Dieu de Moïse et d’Aaron !»
[123] – «Comment osez-vous, s’écria Pharaon, vous convertir à son culte sans que je vous y autorise? C’est là un complot que vous avez ourdi dans la cité pour en chasser les habitants ! Vous allez voir ! [124] Je vous ferai couper une main d’un côté et un pied de l’autre, avant de vous faire tous crucifier !» [125] – «Qu’importe, répondirent-ils, puisque c’est à notre Seigneur que se fera notre retour ! [126] Au fond, qu’as-tu à nous reprocher, sinon d’avoir ajouté foi aux signes de notre Seigneur quand ils se sont manifestés à nous? Seigneur ! Fortifie notre patience et fais-nous mourir en croyants soumis à Ta loi !»
[127] Alors les dignitaires du royaume de Pharaon s’écrièrent : «Vas-tu laisser Moïse et son peuple semer le désordre dans le pays et entraîner ta déchéance et celle de tes divinités?» – «Nous mettrons à mort, répondit Pharaon, leurs fils et conserverons la vie à leurs filles. De toute façon, nous les tenons à notre merci !»
[128] – «Demandez l’assistance de Dieu, dit Moïse à son peuple, et soyez patients ! La Terre est à Dieu. Il la donne en héritage à qui Il veut parmi Ses serviteurs, et l’heureuse fin est à ceux qui Le craignent.» [129] – «Nous avons été maltraités, lui dirent-ils, avant ton arrivée et nous le sommes encore !» – «Peut-être votre Seigneur fera-t-Il périr votre ennemi, reprit Moïse, et fera-t-Il de vous Ses héritiers sur la Terre, pour voir comment vous vous y comporterez?» [130] Nous infligeâmes alors au peuple de Pharaon des années de sécheresse et de mauvaises récoltes, à titre d’avertissement.
[131] Un bienfait leur arrivait-il, ils disaient : «Cela nous est dû !» ; mais quand un malheur les frappait, ils qualifiaient Moïse et ses compagnons d’oiseaux de mauvais augure, alors que leur sort dépendait uniquement de leur Seigneur. Mais la plupart d’entre eux ne s’en doutaient guère.
[132] Ils disaient à Moïse : «Quel que soit le signe que tu nous apportes pour nous fasciner, nous ne serons jamais disposés à te croire !» [133] C’est alors que Nous envoyâmes contre eux le déluge, les sauterelles, la vermine, les grenouilles et le sang, en autant d’avertissements distincts. Mais ils s’obstinèrent dans leur orgueil, car c’était un peuple criminel.
[134] Et chaque fois que le châtiment tombait sur eux, ils disaient : «Ô Moïse ! Invoque ton Seigneur en notre faveur suivant l’alliance qu’Il a conclue avec toi. Si tu écartes de nous ce malheur, nous croirons en toi et nous laisserons partir avec toi les fils d’Israël.» [135] Mais une fois que Nous les eûmes arrachés à leur détresse pour le temps que Nous avions fixé, ils trahirent leurs serments.
[136] Nous sévîmes alors contre eux en les engloutissant dans la mer pour avoir douté de Nos signes et les avoir méconnus. [137] Et Nous donnâmes en héritage au peuple, naguère opprimé, les contrées orientales et occidentales que Nous avions bénies. Et c’est ainsi que se trouva réalisée la belle promesse de ton Seigneur aux fils d’Israël, en récompense de leur constance. Nous détruisîmes tous les ouvrages que Pharaon et son peuple avaient édifiés ou érigés.
[138] Nous fîmes traverser la mer aux fils d’Israël et ils rencontrèrent un peuple qui vouait un culte assidu à ses idoles. Ils lui dirent alors : «Ô Moïse ! Fais-nous un dieu semblable aux leurs !» – «Bande d’insensés que vous êtes !, leur répondit Moïse. [139] Le culte que professent ces gens-là les conduit à la ruine, et tout ce qu’ils font est nul et sans valeur !»
[140] Et il ajouta : «Dois-je choisir pour vous une autre divinité que Dieu, qui vous a préférés à tous les peuples de la Terre?» [141] Souvenez-vous lorsque Nous vous avons délivrés des gens de Pharaon qui vous infligeaient les pires châtiments, tuant vos fils et épargnant vos filles. Ce fut là une terrible épreuve de la part de votre Seigneur !
[142] Nous fixâmes à Moïse un rendez-vous pour trente nuits, que Nous complétâmes par dix autres, en sorte que son entretien avec Dieu devait durer quarante nuits. Moïse dit alors à son frère Aaron : «Remplace-moi auprès de mon peuple ; agis avec justice et ne suis pas le chemin des pervers.»
[143] Lorsque Moïse vint à Notre rencontre et que son Seigneur lui eut adressé la parole, il dit : «Seigneur, montre-Toi à moi pour que je Te voie !» – «Non, tu ne Me verras pas, répliqua le Seigneur. Mais regarde plutôt la montagne. Si elle reste immobile à sa place, tu pourras alors Me voir.» Et lorsque son Seigneur se manifesta à la montagne, Il la réduisit en poussière, et Moïse tomba foudroyé. Revenu à lui, il s’écria : «Gloire à Toi ! Je reviens à Toi, plein de repentir, et je suis le premier des croyants.»
[144] – «Ô Moïse, dit le Seigneur, Je t’ai élu d’entre les hommes pour te confier Mon message et t’adresser Ma parole. Prends ce que Je te donne et sois-en reconnaissant !» [145] Nous avons inscrit pour lui sur les Tables une règle morale à observer en toute circonstance, ainsi qu’un clair exposé de toute chose et lui avons dit : «Observe-les avec fermeté et ordonne à ton peuple de se conformer à ce qu’ils contiennent de meilleur.
Je vous ferai bientôt voir la demeure des pervers. [146] Je priverai de Mes signes ceux qui affichent sans raison leur orgueil sur Terre, qui refusent de croire à tout signe qu’ils voient et qui, apercevant la voie de la droiture, s’en écartent obstinément ; mais, voyant celle de l’égarement, ils s’y engagent résolument. Il en est ainsi parce qu’ils ont traité Nos signes de mensonges et qu’ils s’y sont montrés indifférents !»
[147] Ainsi seront vaines les œuvres de ceux qui auront renié Nos signes et la vie future. Méritent-ils d’être rétribués autrement que selon leurs œuvres?
[148] Pendant l’absence de Moïse, son peuple avait façonné avec leurs parures le corps d’un veau doué de mugissement. Ne s’étaient-ils pas rendu compte que ce veau ne pouvait ni leur parler ni leur être utile en quoi que ce soit? Toujours est-il qu’ils le prirent pour divinité, faisant ainsi preuve d’iniquité.
[149] Puis, complètement déçus, ils reconnurent leur erreur, et s’écrièrent : «Si notre Seigneur ne nous fait pas miséricorde et ne nous pardonne pas, nous serons très certainement du nombre des perdants.»
[150] Lorsque Moïse revint vers son peuple, il dit, plein de colère et d’amertume : «Quelle conduite lamentable a été la vôtre pendant mon absence ! Avez-vous voulu hâter le décret de votre Seigneur?» Puis, jetant les Tables, il empoigna par les cheveux son frère et se mit à le tirer vers lui. «Ô fils de ma mère !, s’écria Aaron. Ces gens-là ont profité de ma faiblesse et ont failli me tuer. Ne réjouis donc pas à mes dépens nos adversaires et ne me range pas parmi les pervers !»
[151] – «Seigneur, dit Moïse, pardonne-moi, ainsi qu’à mon frère ! Reçois-nous au sein de Ta miséricorde, car Ta miséricorde n’a point d’égale !»
[152] En vérité, ceux qui ont pris le veau pour divinité encourront la colère de leur Seigneur et l’avilissement dans ce bas monde. C’est ainsi que Nous rétribuons les menteurs.